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La Stèle de Cer Nuhn

6 avril 2014

Livre I - Chapitre 1 - Le Concile

Chapitre1

 

Quand Mylénas releva la tête, son regard s’attarda sur les eaux pures de la Rivière Sacrée qui s’étendait à perte de vue, et une vive émotion le saisit devant la magnificence de ce lieu. Mille années s’étaient écoulées depuis la Guerre de l’Âge des Alcyons ; dix siècles au cours desquels jamais plus il n’eut à honorer de sa présence les rives de ce fleuve. Car jadis, lorsque les ténèbres l’avaient recouverte de toute leur pestilence, il avait été le théâtre de décisions dures mais néanmoins essentielles pour la pérennité d’Abred. De nombreuses races avaient disparu, des peuples entiers avaient été décimés et d’autres condamnés à l’exil, contraints de se retrancher dans les endroits les plus reculés. De sombres jours s’étaient annoncés et le Mal n’avait pu être vaincu que par l’alliance, aussi improbable qu’inespérée, des plus grandes espèces. Et celui par qui l’harmonie était revenue était un Centaure, médiateur des Dieux ; celui-là même qui se tenait sur les lais du fleuve dont les frêles sinuosités et les légers tressaillements avaient permis d’apaiser les esprits en ces temps sombres.
Mylénas releva la tête et resta immobile de longues minutes. Assis. Figé. Comme défiant l’horizon. La nuit était tombée et un croissant de lune éclairait de sa mince lumière le Fleuve Sacré. Ses eaux calmes semblaient venir des profondeurs de la Terre dans un lent tumulte. Un froid silence régnait, seulement interrompu par de légères vagues qui venaient mourir paisiblement sur la grève.
De longues minutes passèrent ainsi, sans que Mylénas n’esquissât le moindre mouvement. Il demeurait là, assis à l’orée d’Ellen Shïn, la Forêt Sainte. Les arbres immenses qui la façonnaient protégeaient un embryon de terre entouré par les deux bras de l’insouciante Porfol Arol, la plus étendue et plus vaste de toutes les rivières d’Abred. Elle demeurait à ce jour l’un des plus grands mystères de ce monde car, au contraire de tous les autres fleuves, elle possédait deux sources ; la première jaillissait des montagnes du Worvden, le pays des loups, et la seconde sourdait des hauteurs de Sentel Stulrion, le territoire des Centaures. Et le courant changeait subitement de sens aux pieds d’Yggdrasil, l’Arbre de Vie, non loin de l’endroit où se trouvait Mylénas, sur le versant opposé du Volcan de Rogan Fölh. Pour autant, le Centaure n’était pas sur les lieux pour étudier la question – Bien qu’il l’eût préféré - mais pour une tout autre affaire qui accaparait toute son attention.
Après d’interminables minutes d’attente, sa queue se mit à frétiller enfin et ses oreilles changèrent instantanément de direction pour se tourner vers une petite silhouette qui avançait lentement au ras du sol derrière lui. C’était un loup ; un loup noir. Inquiétant. Les oreilles aux aguets. A mesure qu’il s’approchait de Mylénas, le silence se faisait plus pesant. Les oiseaux se turent soudainement, le fleuve sembla lui-même arrêter sa course, et plus aucune feuille n’osa s’échapper de sa branche.
Il vint finalement s’asseoir calmement à ses côtés, le museau tout aussi dirigé vers le lointain. Son regard était à la fois sombre et doux et son pelage luisait dans la lueur pâle de la lune. « Heureux de te revoir Mesdena, dit le Centaure solennellement.
- J’aurais préféré te voir dans d’autres circonstances Mylénas, lui répondit le loup.
- As-tu également senti le danger ? s’enquit le Centaure.
- Comme tous les animaux de la forêt. La nature elle-même le ressent. Regarde Mylénas, les arbres perdent leurs feuilles et semblent résignés. Le vent qui les faisait danser a disparu et l’herbe se dessèche. Le ciel du jour est aussi sombre que celui de la nuit ! reprit Mesdena d’un air empli de nostalgie.

Le silence qui suivit les paroles de Mesdena fut brusquement interrompu par un bruissement d’ailes bientôt suivi d’un cri perçant. Un oiseau majestueux à la robe fauve apparut, laissant derrière lui une traînée de flammes d’un rouge sombre. Son regard de la même teinte laissait transparaître un sentiment évident de crainte. L’oiseau de feu était gigantesque. Son envergure lui permettait presque de toucher les deux rivages du fleuve. Il s’approchait de manière menaçante du Centaure et du loup mais tous deux le fixaient sans inquiétude apparente jusqu’à ce que le phénix vînt se poser tranquillement à leur côté sans un mot. « Toujours aussi peu disert, Ankaa !, dit le loup calmement.
- Il est aussi peu serein que nous. Vois son plumage. Il est de moins en moins fauve et prend une teinte rouge-sang. La crainte l’envahit comme elle envahit tous les êtres d’Abred.

Le silence s’imposa de nouveau avant que l’eau du Fleuve Sacré ne s’agitât pour former de violents remous. Des vagues tourbillonnantes, hautes de plusieurs mètres, naquirent et les légères brises se muèrent en rafales impétueuses. Malgré l’inquiétant spectacle, ni Mylénas ni ses deux acolytes n’esquissèrent le moindre mouvement. Leur dernier invité apparut dans un fracas assourdissant, déchirant les eaux de Porfol Arol. Il s’agissait d’un être à la silhouette humaine mais doté d’une queue de poisson et il semblait constitué presque exclusivement d’eau. Alors qu’il vint s’échouer sur le sol, des jambes jaillirent de ses écailles et il hurla un son rauque, audible à des centaines de lieues alentour, brandissant un trident avec vigueur. « Merci de ta prestation remarquée, Enkhi, dit Mesdena en levant les yeux au ciel, visiblement agacé. On t’aurait difficilement manqué. Et Je ne serais pas surpris que l’on t’ait entendu jusque dans les plus lointaines Baronnies, ironisa Mesdena.
- L’image que l’on renvoie est le reflet de la personne, mon loup! répondit le Sirien d’un air arrogant. Malheureusement, je doute que vous le comprenniez un jour. Le charisme n'est guère chose imprvisable et vous autres en manquez tellement ! Diable, qu'allons-nous faire de vous ?
Mesdena montra les dents, prêt à bondir sur son vis-à-vis et il fallut l’intervention de Mylénas pour les retenir. « ARRETEZ TOUS LES DEUX ! hurla-t-il. Vous ne trouvez pas que le moment est malvenu pour réveiller vos anciennes querelles ? La situation n’est-elle pas déjà assez grave pour que nous nous entretuions nous-mêmes ? rugit le Centaure.
- Grave ? Voyons Mylenas, de quoi parles-tu ?, reprit Enkhi dans un rire forcé. Décidément, vous voyez tous le mal frapper à vos portes ! Dois-je vous rappeler que les Nergals ont disparu avec Pélops il y a plus de mille ans ! Qui pourrait menacer notre monde aujourd’hui ? La nature est assez puissante pour contrôler ceux qu’elle a engendrés, dit sereinement le Sirien.
- Tu es bien le seul à ne pas sentir le danger, Enkhi, ajouta dans un grognement Mesdena. Ton égo t’empêche de t’intéresser à autre chose qu’à ta petite personne.

Après un court silence durant lequel les deux protagonistes se toisèrent d’un regard noir et assassin, le loup reprit d’un ton narquois. « A moins, évidemment, que tu n’aies un nouvel intérêt à ce que le Chaos nous envahisse ! Ce ne serait pas la première fois que tu signerais un pacte avec l’ennemi !
- MESDENA ! gronda Mylenas. Je vous ai déjà demandé à tous les deux de réprimer votre haine. Nous savons tous quelle rivalité vous anime ! Mais n’oubliez pas que vous avez combattu le même ennemi pour nous sauver, tous ! Le moment est venu de rallier à nouveau nos forces pour combattre le mal !
- Balivernes ! grommela Enkhi. Notre monde ne s’est jamais senti aussi serein ! Mille ans ont passé sans le moindre conflit qui puisse mette en péril Abred ! Et du jour au lendemain, le mal serait de retour ? Non, Mylénas ! La paranoïa t’habite et te fait perdre toute lucidité ! Si le monde venait à s’écrouler demain je demanderais à être plongé dans les flammes de l’enfer.
- Ça peut se faire, répliqua le loup dans un sourire avant de laisser la parole au Centaure.
- Enkhi ! reprit le Centaure en fermant lentement ses yeux. Personne n’a jamais prétendu que le monde allait sombrer dans le néant. Seulement, il y a des signes qui ne trompent pas. Vois cette Forêt Sainte qui a perdu de sa superbe. Entends ce silence qui, il y a quelques temps encore, n’avait pas lieu d’être.
- Soit. Soit. Admettons. Mais venons-en au fait ! répondit Enkhi. As-tu réellement de bonnes raisons de nous avoir tous les quatre réunis ce soir ?
- Oui Enkhi, outre le fait que nous ayons tous ressenti une grande animosité entre les peuples de notre monde, je suis allé interroger Yggdrasil, l’Arbre de vie. Un grand danger nous guette, il me l’a confirmé. Mais nous n’en connaissons pas la forme. Nous devons réveiller les Esprits de la Forêt.
- Pourquoi tant de hâte, Mylenas ? Si le danger ne s’est pas encore réellement manifesté, pourquoi les réveiller dès maintenant ? demanda Mesdena.
- Pelops est de retour parmi nous, répondit calmement Ankaa.

Les visages des trois compagnons se figèrent en un étonnement soudain. Tous furent aussi surpris par la prise de parole inattendue d’Ankaa que par son annonce elle-même. Le phénix, habituellement discret, ne dévoilait que très rarement ses pensées et ses sentiments, et tout cela n’était pas de très bon augure. Mylénas fixa l’oiseau de feu, comme pour lire dans ses pensées, mais ce dernier resta muet et insondable. Le loup se décida finalement à rompre le silence qui s’était imposé depuis l’intervention du phénix. « Comment peux-tu affirmer une telle chose ? C’est impossible ! Pélops a été tué par Mylénas ! Il y a maintenant plus d’un millénaire ! Comment pourrait-il encore être vivant ?
Mais le Phénix ne répondit pas. Il continuait à fixer la lune qui dévoilait à présent son dernier quartier et rien ne semblait pouvoir le détourner de cette direction. Pas même le regard insistant d'une Mylénas soucieux. « Peut-être n’était-il pas vraiment mort, s’inquiéta le loup qui semblait pris dans une intense réflexion.
- Insensé ! grogna de nouveau Enkhi. Nous avons nous-mêmes vu son corps gisant au fond du gouffre.

Mylenas ne dit plus un mot tandis que la lune continuait à s’arrondir. Lorsqu’elle fut bientôt pleine, Ankaa le fit remarquer au Centaure d’un hochement de la tête et tous quatre se rapprochèrent sous un ciel rougeoyant. Les étoiles disparurent et un violent mistral se mit à souffler au-dessus du fleuve qui s’agita. La crinière au vent, Mylenas interpella ses compagnons. « Mes amis ! Réunissons-nous afin de faire appel à Lua, notre déesse de la lumière. Celle qui va nous permettre de réveiller les Esprits !

Ankaa, Mesdena et Enkhi formèrent un triangle autour de Mylenas qui se mit à prononcer des mots d’un langage inconnu. « Elshedel Conmyiar Fidere fang udol.» Les esprits d’Enkhi, Ankaa et Mesdena quittèrent leurs corps devenus inertes et vinrent rejoindre celui du Centaure sous la lumière vive de la lune. Un rai s’en échappa et plongea dans le Fleuve Sacré d’où s’éleva une vague gigantesque. Une femme magnifique apparut. Elle était vêtue d’une longue robe blanche prolongée par ses cheveux de la même couleur et elle brillait d’une clarté si vive qu’il était difficile de distinguer ses traits. Les bras refermés sur sa poitrine, les yeux fermés, elle s’approcha d’eux lentement. « Douce et belle Lua, dit Mylénas, les cheveux emportés par le vent. Nous nous présentons à toi en ces temps sombres pour implorer ton aide !
- Je suis heureuse de te revoir Mylenas. Que me vaut l’honneur de ta visite après ses trop longues années passées éloignée de toi.
- Lua ! Un grand danger est à nos portes. Nous ne savons rien de lui, mais nous le ressentons. Permets-moi de réveiller les Esprits de la forêt.
- Un grand danger sommeille en ce moment, oui, répondit-elle en s’approchant du Centaure. Nous le redoutions nous aussi. Le Panthéon est fébrile depuis qu’Hadeertas s’est libéré et nul ne sait quels noirs desseins l’habitent.

Lua saisit le visage de Mylénas entre ses deux mains et dirigea son regard vers le ciel avant de refermer ses paupières. Des sons jaillirent de ses lèvres en une douce mélopée et un halo bleuté enveloppa le Fleuve. Puis, les traits de la Déesse se tendirent brusquement et le sourire qu’elle arborait depuis son arrivée se changea en une moue déconcertante. Elle rouvrit ses yeux pâles qu’elle dirigea vers Mylénas. « Je… Je ne parviens pas à entrer en contact avec les Esprits. Ils ne répondent pas à mon appel, dit-elle inquiète. » Le Centaure resta bouche bée devant Lua, incapable de prononcer le moindre mot. Ses trois compères étaient toujours à ses côtés immobiles et étendus sur le sol. Il pensa l’espace d’un instant avoir mal compris mais il sut, à la vue de l’air soucieux de la déesse de la lumière, que ses oreilles ne l’avaient pas trahi. « Ont-ils été libérés ? demanda-t-il. Que sont-il devenus. Où sont-ils ? Réponds-moi Lua ! s’inquiéta le Centaure.
- Mylenas ! Je ne sais pas. Je ne comprends pas, répondit doucement Lua, visiblement déconcertée.
- C’est impossible Lua. Ils doivent se réveiller ! Nous avons besoin d’eux. Abred a besoin d’eux ! s’emporta Mylénas.
- Je ne ressens plus leur présence Mylénas. C’est comme s’ils avaient déjà été réveillés et qu’ils étaient partis ! Je ne peux savoir où ils se trouvent désormais, et je ne peux te venir en aide.
- Nous devons les retrouver Lua !
- Si ta quête est de les trouver, qu’il en soit ainsi, mais tu devras le faire seul, Mylénas. Je dois m’en aller à présent !
- LUA ! NON ATTEND !

La déesse disparut rapidement et la lune reprit sa forme initiale. Les eaux du Fleuve se calmèrent et les trois compagnons purent reprendre possession de leurs corps. « Lua nous cache quelque chose, c’est évident ! S'emporta le Sirien en se redressant lentement. « Elle nous l’a dit, le monde des Dieux est devenu instable ! Je vais retourner interroger Yggdrasil. Lui seul pourra me dire ce que nous devons faire.
- Mylénas… s’inquiéta le loup. Se pourrait-il que quelqu’un soit venu ici pour réveiller les Esprits. Avant nous ?
- Mesdena ! rugit le Centaure. Je suis le seul être autorisé à implorer Lua. Le seul à pouvoir demander le réveil des Esprits. Et elles m’interdisent de prendre seul la décision de le faire. Votre présence m’est indispensable pour communiquer avec Lua, et cela tu le sais. Et quand bien même y serais-je parvenu, elle ne m’aurait permis de les réveiller sans que vous n’ayez donné votre consentement.
- Peut-être étions-nous là nous aussi, souffla Mesdena.
- Prétends-tu que nous ayons pu venir ici sans être maîtres de nos actes ?
- Totalement absurde, répliqua Enkhi. Aucun être ne peut nous rassembler à notre insu ! Je gis dans les profondeurs abyssales, Ankaa arpente les Terres de Feu où aucun autre être que les phénix ne peut aller ! Et qui serait assez puissant pour maîtriser notre esprit ? Non, Mesdena, la crainte t'enlève tout discenerment.
- La justesse et la sagesse de tes propos sont raison, Enkhi, et pourtant les faits, eux, te donnent tort ! Nous sommes esclaves des Dieux. Lua était distante, et peu diserte. Les Dieux semblent craindre quelque chose.
- Quelqu’un le peut Enkhi, dit Mesdena en baissant son museau vers le sol. » Tous scrutèrent le loup avec étonnement. « Mylénas en a le pouvoir, reprit-il calmement.
- Qu’insinues-tu Mesdena ? répliqua le maître des océans, tranchant avec le silence du Centaure.
- Nous nous soumettons à lui lorsque nous implorons Lua. Nos esprits l’habitent et nos corps sont inertes. Nous sommes entièrement assujettis à lui.
- Où veux-tu en venir Mesdena ? demanda le Centaure calmement.
- Tu oses le soupçonner de trahison envers nous ? s’écria Enkhi, menaçant le loup de son fier trident.
- Non ! Bien sûr que non Enkhi ! répondit Mesdena en le défiant du regard. Seulement… Si Mylenas a été doté de tels pouvoirs par les Dieux… Peut-être d’autres êtres ont également ce don.

Un silence pesant envahit la plaine. Tous quatre se plongèrent dans d’intenses réflexions teintées de craintes et animées de doutes. « Il est inutile de faire des conjectures douteuses. Si les Esprits de la Forêt ont été réveillés il nous suffit de les chercher et de les retrouver. Eux seuls pourront nous dire ce qui s’est passé, reprit Enkhi.
- Les Esprits de la Forêt sont morts, dit une petite voix venant de la cime d’un arbre.
- QUI EST LA ? MONTRE-TOI ! cria Mylenas.

Une petite fille âgée d’une douzaine d’années se laissa glisser de son arbre et se présenta à eux. Les cheveux blonds et bouclés, les yeux verts, elle s’approcha du Centaure d’un pas décidé. Elle était recouverte d’une étole bleue pâle et ne semblait pas effrayée outre mesure par les quatre créatures. « Gwenwed ? Que fais-tu ici ?
- Qui est cette jeune fille ? Elle ne devrait pas être là ! Elle a vu des choses que personne ne doit voir ! cria Enkhi la menaçant de son trident. 
Mylenas mit son corps en opposition et regarda le maître des mondes marins, le fusillant d’un regard noir. « Il s’agit de ma fille, Enkhi ! Personne ne la touchera.
- Ta fille ? s’interrogea le Sirien.
- Elle n’est pas issue de ma couche. Sa mère était une Elfe. Elle quitta son peuple pour s’unir avec un homme qui lui donna cet enfant. Mais ils sont morts peu après sa naissance à Sylh Ven Sowr, la Baronnie où ils vivaient. Leur cité a été mise à feu et à sang par des pillards. Sa mère parvint à sauver sa fille et la confia à un homme qui me l’amena afin que je prenne soin d’elle. Depuis j’ai juré de la traiter comme mon enfant.
- Touchante histoire ! Tsss, Mylenas, ton rôle n’est pas celui de nourrice, répliqua Enkhi.
- Ferme-la Enkhi, jeta Mesdena. Gwenwed, Que disais-tu à propos des Esprits ?
- Je… J’ai parlé avec les arbres et…
- La voilà qui parle aux arbres maintenant ! HA ! HA ! HA ! Seul Yggdrasil a le pouvoir de parler aux êtres vivants. Cette petite est la pire menteuse qu’il m’ait été donné de voir.
- Laisse-la parler ou ton trident ira saluer tes propres entrailles, rétorqua le loup. Continue petite.
- Les esprits de la forêt ont été tués dans leur sommeil.
- Qui a fait cela ? Demanda Mylenas.
- Certains arbres parlent… D’un Centaure.
- Mylenas, reprit Mesdena affligé. Et si j’avais quand même raison. Peut-être étions-nous sous l’influence d’une autre personne.
- Permettez-moi quand même de douter des propos de cette jeune demoiselle, mes amis. Si les arbres sont au courant de ce qui s’est passé, pourquoi Yggdrasil ne t’en a pas parlé quand tu es allé le voir, Mylenas ?
- Tu as raison Enkhi, c’est étrange, répondit le Centaure soucieux.
- Les arbres qui ont vu la scène sont comme éteints. Sans vie. Ils ne peuvent discuter de cela avec les autres, une magie très puissante les contrôle. J’ai pu lire en eux la peur qui est la leur depuis ce triste jour.
- Tout cela me semble totalement absurde, surenchérit le Sirien dans un rictus.
- Je retournerai interroger Yggdrasil dans les prochains jours et j’emmènerai Gwenwed avec moi.
- Comment peux-tu faire confiance à cette gamine ? Et si elle nous mentait ? Tu sais comment sont les hommes ! dit sur un ton grave Enkhi. Et bien que sa mère soit une Elfe, elle reste une semi-humaine.
- Je demanderai à Yggdrasil si elle a effectivement le don de parler avec les arbres. Si elle ment, je la traiterais comme elle le mérite !

Le visage de la jeune fille, serein, resta de marbre face aux paroles de Mylenas. Tous repartirent de leur côté et le Centaure regagna son village, la fillette sur son dos. « Tu n’aurais pas dû me suivre Gwenwed. Cela aurait pu être dangereux pour toi. Ils se méfieront toujours de toi désormais. Si tu as menti, ils voudront ta mort et, pour t’éviter cela, je serais obligé de me séparer de toi et de te mener dans un endroit sûr.
- Je n’ai pas menti Mylenas. La peur des Dieux rejaillit aujourd’hui sur les arbres. Eux-mêmes vivent dans la crainte. Hadeertäs est devenu fou et a réussi à monter les Dieux les uns contre les autres. Il n’a pas que des ennemis parmi les Dieux, et s’il s’est libéré c’est que d’autres l’ont voulu.

Mylenas resta muet jusqu’à la fin de leur trajet, le visage grave, visiblement affecté par tout ce qu’il venait d’apprendre, et aussi curieux qu’inquiet de découvrir une nouvelle facette de Gwenwed qu’il n’avait encore jamais soupçonnée.

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16 mars 2014

Mylénas

Allez, en attendant que je dévoile de nouveaux écrits, voici une petite illustration d'un des personnages principaux : Mylénas le Centaure :

Mylenas_800

2 décembre 2013

La Minute Grammaticale : Tout autre / toute autre. Accord ou pas ?

LaMinuteGrammaticale

 

Forcément, quand on écrit, on se retrouve de temps en temps confronté à des doutes sur les règles grammaticales.

Le français est une langue compliquée mais c'est aussi ce qui fait sa richesse. De temps en temps, je mettrai donc sur ce blog quelques règles que je ne maîtrisais pas forcément ou qui ont, tout du moins, suscité le doute dans mon esprit et pour lesquelles je suis allé me renseigner. Je vais donc rendre hommage à Maître Capello et Bernard Pivot et jouer au professeur de français :)

 

On va commencer cette série par l'accord (ou non) du mot "Tout" dans l'expression "Tout autre"

En gros, "tout" s'accordera s'il est un adjectif indéfini et restera invariable s'il s'agit d'un adverbe. Dit comme ça, ça paraît relativement logique. Mais comment différencier facilement l'adverbe de l'adjectif ? Quelques tuyaux ci-dessous :

 

  • Si « tout » peut être ôté de la phrase, c’est qu’il s’agit de l’adverbe signifiant « entièrement » ou « tout à fait ». Étant invariable, comme tout adverbe, il ne prend pas de « e », même devant un nom féminin.

> C’est une tout autre histoire. (= C’est une autre histoire.)

  • Si, en revanche, « tout » ne peut être ôté de la phrase, il s’accorde. C’est un adjectif indéfini. On peut alors le remplacer par « n’importe quelle ».

> Toute autre personne se serait réjouie. (= N’importe quelle autre personne se serait réjouie.)

(Source : http://www.projet-voltaire.fr/blog/regle-orthographe/tout-autre-ou-toute-autre)

 

La phrase de la Stèle de Cer Nuhn qui m'a fait me poser la question est la suivante :

> "Les températures glaciales [...] auraient fait fuir tout/toute autre espèce"

Dans cet exemple, on peut donc remplacer l'expression par "N"importe quelle autre espèce". Il s'agit donc d'un adjectif indéfini et il faut l'accorder.

1 décembre 2013

Prologue - L'Âge des Alcyons (Extrait)

Titre_lagedesalcyons


          Une terre blanche. Immaculée. Presque aveuglante. Des montagnes immenses entrecoupées ça et là de fleuves tumultueux et de forêts inextricables. Un endroit unique où la sérénité n'est le fruit que de l'harmonie parfaite entre la nature et les êtres qui y vivent. Une terre accueillante. Une terre que chacun voudrait fouler. Cette terre, c'est celle d'Abred. En apparence hospitalière. Calme et Sereine. Mais une terre qui recèle de nombreux secrets et qui cache maintes entailles que le temps ne parvient à cicatriser. Des blessures si profondes qu'elles mirent à mal le précaire équilibre que les Dieux avaient tenté de préserver.   

          Mais remontons les aiguilles du temps et revenons bien avant ma naissance et celle de mon père. Revenons plus de mille ans avant cette histoire. A l'âge des Alcyons. Là où tout a commencé. 
 
          Quatre races cohabitaient et régnaient alors sur Abred. Parmi elles, celle des Hommes. La plus répandue. Ils furent les premiers êtres à avoir bâti des villes, construit des fortifications, cultivé les terres et élevé le bétail. La majorité d’entre eux vivaient dans les neuf Baronnies, aux lois et aux règles propres à chacune. Ils s'installèrent au nord du continent du levant, à l'est.
          Un autre peuple, moins nombreux et, dit-on, davantage refermé sur lui-même, occupait le continent du Couchant, à l'ouest, au sein-même d'une immense forêt impénétrable connue sous le nom d'Ellen Shïn. Ce peuple, c'est le mien. Celui des Elfes. Nous vivions alors en communion avec la nature, établissant des tribus au milieu des arbres. Nous partagions notre quotidien avec les semi-humains, ces êtres issus de croisement entre animaux et Hommes. De natures calmes et réfléchies, toutes les autres races nous respectaient.
          Toutes, exceptés, peut-être, les Nergals. Ces créatures mi-Hommes, mi-Démons. Issus d’on ne sait quel accouplement. Des êtres dégénérés , dépourvus de toute moralité mais néanmoins de grands guerriers, solides et agiles. Peu nombreux, ils vivèrent reclus durant plusieurs centaines d’années dans de sombres contrées pauvres et arides.
          Enfin, dernière race, mais non des moindres, celle des Nains. Farouches guerriers. Puissants. Impétueux. Ils s"étaient retirer sous terre afin d’exploiter les nombreuses richesses que recouvrait le sol d’Abred et les montagnes de l’Est. C’est dans leur royaume qu’arrivait l'une des trois racines d’Yggdrasïl, l’Arbre-Monde, garant de notre équilibre. Celui par qui la paix est, et demeure. Il fut planté par les Dieux au moment où les Hommes s'étaient mis en tête de coloniser chacun des 3 continents d’Abred. Les luttes fratricides pour la conquête de nouveaux territoires les avaient contraints à établir de nouvelles lois pour maintenir l'ordre sur Abred. Il fut donc décidé que les trois racines et la cime de l’Arbre-Monde seraient confiées à des races, certes, pour certaines moins peuplées, mais également plus dignes de confiance.

          Les Nains se virent, alors, confier l'une d'elle. Sans être les plus sages des humains, leur obsession pour tout ce qui est question d'honneur et d'orgueil les empêcheraient, quoiqu'il arrive, de trahir leur parole. Et ils défendraient leur racine, dussent-il pour cela, y laisser leur vie. La deuxième fut mise entre les mains des Siriens, peuple régnant sous les mers pour qui la nature et les océans sont des éléments bien plus importants que leur propre existance. La dernière, enfin, fut confiée aux loups, considérés comme les plus sages du monde animal terrestre. La cime, quant à elle, avait été mise sous l'aile protectrice des Phénix, seigneurs du monde animal céleste.
          Ainsi réparti, Yggdrasil était intouchable et les Dieux maintenaient le contrôle d'Abred. Du moins le pensèrent-ils. Car, il était dit que le salut d’Abred dépendrait de la survie d’Yggdrasïl en cela qu'il était l’Arbre-Monde. Celui qui permettait à toutes les races de vivre en harmonie et qui assurait la sauvegarde de la nature et des êtres vivants. Et nombreux furent ceux qui, pris d’un élan de folie ou d’une extrême mégalomanie, tentèrent de couper les racines et de trancher la cime de l'arbre, afin de rompre cet équilibre précaire et de régner en maîtres absolus sur la petite planète.

          Le plus célèbre d’entre eux était un Démon répondant au nom de Pélops, à qui Hadeertäs, Dieu des Enfers, avait confié le contrôle des Ténèbres. Il fut le plus illustre car il faillit parvenir à ses fins, créant le trouble parmi les Dieux, semant la zizanie entre les Hommes et parvenant à s’attacher les services des Nergals et des Siriens, convaincus de sa capacité à diriger le monde. Il parvint à arracher la cime et deux des racines d’Yggdrasil, mais un héros se mit en travers de son chemin pour mettre fin à ses sombres desseins : Mylénas le Centaure. Grand rassembleur devant l’Eternel, Mylénas parvint à rallier la cause des Barons, des Elfes et des Nains. De nombreux animaux terrestres et célestes rejoignirent ses forces et il créa « l’Alliance Divine ». Et c’est à la tête de cette puissante armée, non sans l’aide inespérée d’une coalition Sirienne, qu’il parvint à réduire à néant les troupes de Pélops et à arrêter le Démon au moment où il s’apprêtait à couper l’ultime lien qui maintenait l’Arbre-Monde en vie. La puissance de Pelops était telle qu’aucun être vivant ne semblait en mesure de freiner son terrible projet. Pourtant, Mylenas se présenta à lui et un terrible combat eut lieu. Protégé par les Dieux, le Centaure vint à bout de Pélops, qu’il renvoya dans ses propres ténèbres.
          Les Dieux, conscients des failles du système qu'ils avaient mis en place, décidèrent alors de confier de nouveaux pouvoirs à ceux qui avaient permis de sauver Yggdrasil. Ainsi, Mesdena le loup, maître des animaux terrestres, Ankaa le Phénix, seigneur des animaux célestes, Enkhi le Sirien, roi des animaux marins et Mylenas le Centaure, maître incontesté des Hommes et semi-Hommes furent désignés ambassadeurs des Dieux. Ils reçurent le droit de communiquer avec une des leurs : Lua, Déesse de la Lumière et messager des Dieux.

          La planète blanche vécut là ses plus sombres heures. Et la reconstruction fut lente et délicate. Mais l’harmonie revint égayer les coeurs et chacun put vivre de nouveau en paix, sans qu'aucun trouble ne vînt perturber la tranquillité d’abred... Jusqu’à ce que le sort n'en décidât autrement, et que les éléments n’en vinssent à se déchaîner de nouveau… Un mal plus puissant encore frappait à nos portes et menaçait de s'abattre sur nous.

          L'histoire qui va suivre est la mienne et celle de mes compagnons. Mais elle est avant tout celle d'Abred. Et je ne sais si je pourrais, un jour, voir de nouveau ma terre telle que je l'ai connue.  

 

 ©2003-2013 - La Stèle de Cer Nuhn

Toute reproduction interdite sans l'autorisation de l'auteur.

28 novembre 2013

- A propos de ce blog -

Bonjour,

Bienvenue sur ce blog sur lequel je donnerais quelques infos et quelques extraits de La Stèle de Cer Nuhn, un roman que j'écris par plaisir, par amour de la langue française et de l'écriture et pour donner vie à un univers tout droit sorti de mon imaginaire auquel viennent s'ajouter diverses inspirations issues des différentes mythologies et d'oeuvres qui m'ont marquées.

Le blog est très récent et en cours d'élaboration, il n'est pas forcément très attirant pour le moment, mais rassurez-vous, il est loin de ce qu'il sera d'ici quelques jours.

Merci de votre visite, j'espère que vous prendrez autant de plaisir à découvrir la Stèle de Cer Nuhn que j'en ai pour l'écrire. 

@ très bientôt

 

 

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